Nonetheless

Interview pour Nonetheless donnée au magazine espagnol La Naciòn dont voici la traduction:

https://www.lanacion.com.ar/espectaculos/pet-shop-boys-su-nuevo-disco-por-que-ven-a-la-escena-actual-poco-interesante-y-el-balance-que-buscan-nid02042024/


Pet Shop Boys : leur nouvel album, pourquoi ils considèrent la scène actuelle comme "inintéressante" et l'équilibre qu'ils recherchent pour leur musique

Après une tournée des plus grands succès qui les a ramenés à Buenos Aires, les Pet Shop Boys sortent ce mois-ci un nouvel album, Nonetheless.

"L'image de la lumière sortant de nos bouches m'a semblé être une bonne idée", déclare Neil Tennant, le chanteur des Pet Shop Boys. "Et j'espère qu'elle dit quelque chose de notre musique". L'image à laquelle il fait référence est la couverture de Nonetheless, le prochain album que le duo britannique publiera le 26 de ce mois. Il s'agira du 15e album studio de la carrière des PSB et, d'après la pochette et le nom, l'œuvre dialogue avec l'ensemble de leur travail, qui s'étend sur près de 40 ans.

Depuis Please, leur premier album en 1986, certaines constantes peuvent être retrouvées dans le paratexte (c'est-à-dire ce qui n'est pas entendu mais qui donne un cadre aux chansons). Tous les albums ont un seul mot comme titre, une ressource qui, dans le rock argentin, remonte à Babasónico, et pour la couverture, ils ont toujours utilisé deux options : soit une photo des deux, soit un dessin pop art généralement abstrait avec des couleurs saturées. Cette fois-ci, la pochette les montre tous les deux en costume noir, gants blancs et lunettes. Neil Tennant est en haut à droite et Chris Lowe en haut à gauche. L'idée de la couverture est venue du photographe Tim Walker, célèbre pour avoir travaillé pour les magazines Vogue, W et Love, et dans le monde de la musique pop pour avoir collaboré avec Björk, Lady Gaga et Harry Styles, par exemple. "Il accessoirise toujours beaucoup", dit Tennant à propos du style exagéré de Walker. "Mais cette fois, il a décidé de se dénuder. Il n'y a que la lumière qui sort de nos bouches. C'est une image simple et emblématique".

Pour un groupe qui a toujours essayé d'apporter plus de lumière que d'ombre et d'embellir le monde plutôt que de le dire tel qu'il est, la pochette de Nonetheless ressemble aussi à un hommage et à une reconnaissance de soi. Le titre (en français, il s'agirait de "Cependant") décrit en grande partie l'importance des Pet Shop Boys dans l'histoire de la culture pop. Dans un monde de cris, de cruauté, où des concepts tels que "Être basé" ou "Apprivoiser" ceux qui pensent différemment prévalent sur les réseaux sociaux, Tennant et Lowe ont toujours été un grand "Cependant". Lorsque les discours extrêmes prédominent et que tout est blanc ou noir, leur musique montre qu'au milieu, il n'y a pas que du gris, mais toutes les couleurs possibles. La vie peut être hostile, la musique prédominante peut véhiculer un message de sexualité presque pornographique, de violence, de matérialisme et d'individualisme comme seuls buts dans la vie. Mais il y a aussi des artistes comme Neil Tennant et Chris Lowe, capables de perfectionner un style subtil et inclusif sans avoir besoin de pamphlets ou de controverses. Capables de créer une pop qui ne sonne jamais comme un cliché ou comme une recherche désespérée du succès. "Nous ne pensons pas aux hits, nous pensons aux singles", dira plus tard Tennant. Capable d'imprégner l'esprit et la peau d'hommes et de femmes qui se perçoivent comme ils se sentent.

Musicalement, pour les Pet Shop Boys, il s'agissait toujours de créer des chansons et d'en repousser les limites, non pas au niveau de la structure mais de l'instrumentation (synthétiseurs, programmation et séquences) et aussi de la destination (la piste de danse). Là où tout est démocratisé, où nous sommes tous égaux, les Pet Shop Boys ont apporté des mélodies pour que tout le monde puisse chanter les cœurs brisés, la solitude et même les problèmes économiques, mais toujours en mettant l'accent sur la célébration de l'amour sous toutes ses formes. "West End Girls" (leur premier single et aussi leur premier numéro 1), "It's a Sin", "Domino Dancing", des reprises comme "Always on my mind" et "Go West", sont quelques-uns des classiques qui expliquent le son que Neil Tennant (69 ans) et Chris Lowe (64 ans) ont créé depuis le milieu des années 80 jusqu'à aujourd'hui.

-Votre nouvel album commence par une chanson intitulée "Loneliness" et se termine par une autre intitulée "Love Is The Law". Était-ce une décision délibérée ?

Neil Tennant : -Oui, nous prenons très au sérieux le début et la fin de chaque album, c'est comme un voyage pour nous. Cette fois-ci, James Ford, notre producteur, a suggéré que "Loneliness" soit le thème d'ouverture. Et je pense que c'est aussi une décision musicale, parce qu'il commence par un mystérieux arrangement orchestral et une cloche. Cela nous a semblé être un excellent début. Pour la fin, "Love is the Law" nous a toujours semblé approprié, parce qu'il s'agit d'une prise de position sur les gens, le sexe et l'amour. Mais il faut toujours prendre des décisions concernant les paroles et la musique. Aux extrêmes, nous préférons les chansons de ce type et non les ballades, par exemple. Nous pensons ainsi depuis notre premier album. "Two Divided By Zero" parlait de deux personnes qui sortaient la nuit, qui s'enfuyaient. Et l'album se terminait par "Why Don't We Live Together", une sorte de voyage à travers la nuit et les relations. On peut dire que c'est ce que nous faisons depuis toujours.

-Bien que les arrangements orchestraux soient l'une des ressources les plus utilisées par le groupe, ils avaient été laissés de côté dans les derniers albums. Pourquoi avez-vous décidé d'y revenir maintenant ?

Neil Tennant : -Les trois derniers albums que nous avons faits étaient plus électroniques, oui. Je pense que nous n'avons pas fait quelque chose comme ça depuis 2012. Il nous est arrivé, dès que nous avons écrit les chansons, de sentir qu'elles auraient besoin d'un orchestre. Cela donne une profondeur émotionnelle, renforce le drame. Dans des chansons comme "Why Am I Dancing ?" et "New Bohemia", par exemple, les notes qui apparaissent sont magnifiques et la voix sonne différemment.

-Il y a aussi le risque que cela ne sonne pas trop pompeux et que les chansons perdent leur côté dansant au milieu de tant de baroquisme. En avez-vous parlé pendant l'enregistrement ?

Neil Tennant : -Oui, un détail qui nous a donné l'idée que nous allions dans le bon sens, c'est que les musiciens de l'orchestre souriaient et chantaient sur la piste pendant l'enregistrement. Et c'était trois jours d'enregistrement pour eux. S'ils les ont appréciés, c'est que nous nous sommes bien débrouillés.

Chris Lowe : - C'est quelque chose dont nous avons discuté dès le début. Il ne faut pas qu'il se passe trop de choses en même temps, il ne faut pas que les couches s'accumulent. L'idée est toujours que l'orchestre soit quelque chose de plus, pas qu'il s'agit d'un album orchestral. Que l'on puisse écouter l'orchestre sans être seul à le faire. Qu'il n'y ait pas de déséquilibre avec toute l'électronique dont nous disposons.

-Un autre équilibre qui a marqué le style des Pet Shop Boys est celui qu'ils trouvent entre la chanson et certaines ambiances, comme la mélancolie et la piste de danse. Comment y parviennent-ils ?

Niel Tennant : -Oui, le mot est toujours équilibre. Qu'essayez-vous de faire ? Quelque chose sur lequel danser, quelque chose qui vous fait vous sentir bien, ou qui vous fait ressentir quelque chose en particulier. Et à l'intérieur de cela, trouvez quelque chose qui ne soit pas un cliché complet. Il faut viser quelque chose d'original. Ces trois éléments sont donc toujours en jeu pour nous. Et pour tout cela, il faut se laisser aller à ce que l'on vit à ce moment-là. Nous sommes le matériau de nos chansons. Cela dépend donc de ce que nous ressentons ce jour-là. Nous avons écrit ces chansons pendant la pandémie. Nous étions chez nous à cause de la quarantaine, alors nous les avons écrites pour nous divertir et nous occuper. Nous avions beaucoup de temps libre et de détente, je pense que cela a eu une grande influence sur le son de l'album. Je pense que cela a eu une grande influence sur le son de l'album. Ce premier moment de la pandémie, lorsque le temps était magnifique et qu'il n'y avait aucune pression pour aller quelque part, je pense que cela nous a aidés à écrire.

La création musicale a-t-elle été la même ? Ressentez-vous la pression de la page blanche lorsque vous composez les rythmes ?

Chris Lowe : -Je ne réfléchis pas beaucoup quand je m'assois pour composer. J'ai un ordinateur portable, le même que celui auquel nous sommes connectés en ce moment pour cet appel vidéo, et un petit clavier. C'est avec cela que j'ai composé ces chansons. Je me laisse aussi porter par mon humeur du jour. Neil m'envoie généralement les paroles et j'adore trouver la meilleure musique pour ces paroles, c'est comme un exercice pour trouver les accords et les sons qui correspondent le mieux à la mélodie.

-Quelle est votre relation avec la musique pop actuelle ?

Neil Tennant : -Je ne sais pas vraiment quelle est notre relation avec le reste du monde de la pop (rires). Sur cet album, nous avons une chanson qui s'appelle "New Bohemia" et je pense que c'est un peu ce qui manque. J'ai l'impression que tout cela est trop mainstream et trop centré sur la personne qui écrit la chanson. C'est pourquoi je parle d'une nouvelle bohème. J'aimerais que les choses soient un peu plus philosophiques, plus artistiques, plus bizarres. Je m'explique ? Parce que je ne trouve pas la scène très intéressante. Bien sûr, il y a de bons albums. J'aime bien Harry Styles. Mais en général, en tant que mouvement, j'ai l'impression qu'il s'agit d'une formule. Par ailleurs, je n'ai pas l'impression que la pop actuelle soit conçue pour unir les gens comme avant. Mais peut-être qu'en vieillissant, on perd l'intérêt.

-Vous avez dit un jour que beaucoup de choses qui font partie de la culture pop aujourd'hui, comme les émissions de téléréalité, sont en fait "non pop". Cela a-t-il un rapport avec ce que vous venez de dire ?

Neil Tennant : - Oui, parce que tout restreint au lieu d'ouvrir. Les émissions de téléréalité font ressortir ce qu'il y a de pire chez les gens. Ils veulent que les gens s'insultent, se frappent et se concurrencent. Il n'y a donc rien d'inclusif là-dedans, alors que la bonne pop est inclusive à la base.

Êtes-vous conscient de tout ce que vous avez fait pour l'inclusion de la communauté LGBTIQ+ ? Même lorsqu'ils ne le cherchaient pas explicitement.

Neil Tennant : - Nous sommes ravis d'avoir un public gay aussi nombreux. Mais il est vrai que nous ne nous définissons jamais par notre sexualité. C'est une partie de la vie, oui, mais ce n'est pas toute la vie. Et il est parfois étrange de constater que la culture tente de définir les gens exclusivement à partir de leur sexualité. Je pense que c'est un réductionnisme dans lequel je ne me sens pas à l'aise. En même temps, je pense que nous vivons dans un monde plus libre aujourd'hui, même si en Russie ou dans certains pays d'Afrique, il y a des tentatives de retour en arrière. Mais bien sûr, nous sommes plus libres aujourd'hui grâce au succès de la lutte de la communauté LGBTIQ+. Il est évident que d'autres voudront s'y opposer parce qu'ils se sentent menacés. Il est évident que nous sommes aux côtés de la communauté LGBTIQ+ sur ce point. Mais j'aimerais qu'au 21e siècle, les gens puissent se définir par autre chose que leur sexualité. Je pense que les jeunes générations sont plus fluides, et j'espère que ce n'est pas seulement une tendance. J'espère que nous en arriverons au point où la sexualité d'une personne ne sera pas sa première forme d'identification.

La dernière fois que les Pet Shop Boys ont joué à Buenos Aires, c'était il y a moins de cinq mois, en novembre de l'année dernière. Dans une publication sur les réseaux sociaux, ils ont montré des images de la ville, dont une photo de Juan Domingo et d'Eva Perón. Avant de mettre fin à l'appel, les deux hommes se sont interrogés sur la situation dans le pays et ont rappelé la petite agitation qui avait suivi ce message : "Nous ne comprenons pas pourquoi il y a tant de controverse. Nous savons qu'il est difficile de comprendre la politique argentine. C'est toujours le cas. Nous sommes allés à l'ambassade britannique et ils nous ont parlé de l'héritage du péronisme et de la difficulté de les classer, car ils n'étaient ni de gauche ni de droite. Mais nous ne pensions pas que c'était si important. De plus, l'image d'Eva Perón est omniprésente dans la ville !

Sebastian Chaves

Merci beaucoup, Giac. Toujours un plaisir de les lire. Et de découvrir que les meilleures chansons sont peut-être encore inédites ^^

Merci beaucoup pour la traduction.

Oui, merci, c'est très intéressant !

Nouvelle critique de l’album dans Classic Pop

NONETHELESS: 4 étoiles/5

NEIL TENNANT EST PLUS EN FORME QUE JAMAIS ALORS QUE LES LÉGENDES DE LA SYNTHPOP CÉLÈBRENT LEUR RETOUR AVEC L'UN DE LEURS ALBUMS LES PLUS DIVERS À CE JOUR.

Retournant à Parlophone, 12 ans après Elysium, les Pet Shop Boys marquent leur retour! Neil: « Revoici les cordes ! », un signe inquiétant pour les fans qui trouvaient ELYSIUM et RELEASE un peu trop sombres? Qu’ils aient fait appel à leur nouveau producteur James Ford plus pour son travail avec The Last Shadow Puppets que ce qu’il a fait pour Kylie, Jessie Ware et Depeche Mode pouvait aussi poser question sur la couleur qu’ils voulaient pour leur nouvel album.
Pourtant, si NONETHELESS n'est pas de la même veine que BEHAVIOUR (et quel autre album pourrait l’être?), il partage très certainement l’esprit de leur chef-d’œuvre de 1990. Plutôt que l’impression que donnait RELEASE (« Nous sommes un groupe sérieux »), ici les cordes et les cuivres sont en grande partie là pour apporter de la joie.
Neil Tennant a rarement célébré l'amour aussi ouvertement dans ses paroles que sur les chansons « Feel » ou « The Secret Of Happiness », des ballades qui nous font regarder les étoiles grâce à leurs arrangements opulents. Pour tous ceux qui ont apprécié l’ambiance de leur face B « Between Two Islands », ils retrouveront ce son balnéaire sur « The Secret Of Happiness »
L’extravagance est à son comble sur « A New Bohemia », une des chansons les plus riches et dramatiques des Boys, pleine de vérité et de beauté grâce à la voix plaintive de Neil. Et en effet, l’une des joies à l’écoute de ce nouvel opus reste la voix de Neil. Il a beau plaisanter que pleurer sur la piste de danse c’est sa zone de confort sur « Why Am I Dancing » qui partage le même mood que « I Wouldn’t Normally Do This Kind Of Thing », sa voix n’a jamais été autant chargée en émotions que sur les 10 pistes de cette nouvelle galette. Même si la gravité est dominante, l’album n’est pas sombre pour autant, et on y retrouve des pépites pop et house telles que « Bullet For Narcissus » qui serait le « So Hard » de cet album et « Dancing Star » qui aurait pu se retrouver sur leur premier album PLEASE. OK, il faut quand même noter qu’il faudra supporter le morceau le plus criard de l’album, « The Schlager Hit-Parade » qui est en gros ce que les haters des PSB pensent de leur son, mais ce titre Eurotrash mis à part, cet album reste parfait.
NONETHELESS est l’album le plus varié des PSB depuis FUNDAMENTAL et ressemble presque à un Best Of tellement il rappelle de chansons de leur répertoire. On dirait bien que les Boys sont repartis pour un tour!

Nouvelle interview dont je vous ai fait la traduction. On y apprend toujours plein de trucs intéressants sur le nouvel album et leur façon d’enregistrer. Chaque article parle de ce fameux « The Schlager Hit Parade », j’ai déjà peur du résultat
Mais le reste de l’album est plein de promesses !

https://www.dm.com.br/cultura/pet-shop-boys-lanca-novo-disco-de-baladas-ironicas-145867

Pet Shop Boys sort un nouvel album de ballades ironiques

L'album a été produit par James Ford, qui a travaillé avec Arctic Monkeys et Depeche Mode. Le chanteur parle dans un entretien de la session d'enregistrement « agréable »

"Faire ce disque était si agréable qu'il ne peut même pas être considéré comme un travail", dit Neil Tennant, 69 ans, chanteur principal des Pet Shop Boys, à propos de "Nonetheless", le 15e album studio du duo avec lequel il est depuis 43 ans, le claviériste Chris Lowe, 64 ans. "Nous n'avons jamais fait un disque d'une manière aussi légère et agréable."

A paraître le 26 avril, il s'agit du premier album des Pet Shop Boys produit par le talentueux James Ford, connu pour son travail avec Gorillaz, Arctic Monkeys, Florence and the Machine et pour avoir produit les deux albums les plus récents de Depeche Mode, "Spirit" et "Memento Mori".

"James est un musicien extraordinaire", dit Lowe. "C'est un excellent instrumentiste et joue de tout ce que vous pouvez imaginer : batterie, basse, guitare, glockenspiel, ainsi que beaucoup de synthétiseurs analogiques, des instruments rares des années 1960 et 1970 qu'il a en studio. C'est aussi un programmeur fantastique et il fait d'excellents arrangements de cordes. Nous aimons le fait qu'il n'utilise pas de samples. Tout est joué en direct, ce qui donne au son une chaleur et une pureté uniques."

Tennant dit que la méthode de travail des Pet Shop Boys n'a pas changé depuis des décennies. Lui et Lowe travaillent sur des échantillons de chansons, qui sont enregistrés et envoyés au producteur. Ford a travaillé seul pendant deux ou trois semaines, écoutant les cassettes et écrivant des suggestions, puis a rejoint le duo pendant environ un mois, retravaillant tout le disque. "J'ai dû tout chanter à nouveau", dit Tennant. "Mais cela fait partie du processus. Si nous travaillons avec un producteur, il devient le troisième Pet Shop Boy."

Tennant et Lowe disent qu'ils sont très satisfaits du résultat, mais Tennant révèle que, lors de la première écoute, le disque ne sonnait pas si bien. "Nous l'avons juste détesté. Nous pensions que c'était un désastre. Le mélange semblait faux, les arrangements orchestraux étaient trop bas, j'étais déprimé.

Mais le lendemain, j'ai mis mes Air Pods et je suis allé me promener dans le parc Battersea [à Londres]. C'était une journée ensoleillée, le temps était merveilleux et tout à coup le disque a eu un sens pour moi", dit-il en riant.

"Avez-vous entendu parler de 'Innervisions' ?" Demande Neil, citant l'album classique de Stevie Wonder de 1973. "Je ne nous compare pas à Stevie Wonder - ou plutôt, si - mais connaissez-vous le sentiment d'écouter le disque et de réaliser que Stevie n'a pas fait le moindre effort pendant l'enregistrement ? Que c'était juste amusant ? Nous avons eu le même sentiment."

"Nonetheless" a dix chansons et mélange, comme d'habitude sur les albums de Pet Shop Boys, des ballades et des chansons plus dansantes, toujours avec des paroles intelligentes et ironiques de Tennant. L'une des chansons les plus particulières est "The Schlager Hit Parade", une ode à un type de musique appelé "Schlager", typique de l'Allemagne et très populaire dans les pays d'Europe du Nord, qui se compose de chansons très simples avec un fort attrait populaire, avec des mélodies faciles et des paroles naïves.

« Dans l'univers "Schlager", c'est toujours les vacances de Noël ou d'été", plaisante Tennant. Nous étions obsédés par ce genre de musique et avons passé des jours sur YouTube, à rechercher des chansons de Harold Faltermeyer [compositeur allemand de partitions de films telles que "Top Gun"]. Quand nous sommes allés enregistrer notre avant-dernier album, "Hotspot", au studio Hansa à Berlin, célèbre pour des classiques comme "Heroes" de David Bowie, ce que nous voulions vraiment faire, c'était parler aux techniciens pour en savoir plus sur les milliers de disques "Schlager" qui y ont été enregistrés."

En plus de la sortie du nouvel album, avril est un mois important pour les Pet Shop Boys car il marque le 40e anniversaire de leur premier succès mondial avec la chanson "West End Girls". Tennant et Lowe viennent de remixer un nouvel enregistrement de la chanson, réalisé par un autre duo anglais, Sleaford Mods. "Il était très fidèle à l'original, mais il a gardé la sensation plus brute et plus lourde de Sleaford Mods", dit Lowe.

À la fin de l'année, les Pet Shop Boys étaient au Brésil pour deux concerts, l'un à Primavera Sound et l'autre à Audio à São Paulo. "C'est toujours bon de jouer au Brésil", dit Tennant. "Le public est très émotif et chante les chansons avec nous, c'est un grand sentiment. La première fois que nous sommes allés à São Paulo, il y a environ 30 ans, je détestais ça, mais la ville est devenue beaucoup plus sophistiquée. Aujourd'hui, il y a beaucoup d'art, des bâtiments très intéressants et des gens gentils. J'ai totalement changé d'avis à propos de São Paulo."

Lowe est d'accord. "C'est toujours agréable d'entendre les Brésiliens parler portugais. C'est un langage si beau et chaleureux que vous avez immédiatement l'impression d'être dans une chanson de Sergio Mendes."

ANDRÉ BARCINSKI
Publié le mardi 02 avril 2024

Merci Giac

Les interview donnent vraiment envie, même si je suis un peu déçu du single Dancing Star qui est vraiment trop court pour figurer sur un album.
Par contre ce ressenti de Neil au début déçu puis enthousiaste est vraiment étrange. Il faudra surement écouter plusieurs fois l'album pour l'assimiler et c'est tant mieux.
J'ai mis du temps à apprécier Behaviour et Bilingual et ce n'est pas par hasard que je les écoute très régulièrement.
Enfin, j'espère que The Schlager Hit Parade créera les débats houleux qu'il y a eu ici comme Wedding In Berlin sur Hotspot ou Legacy sur Yes, ou encore The Dictator Decides sur Super

A chaque jour sa nouvelle revue, aujourd’hui + complète car titre par titre!

« En dansant sur Roxy Music et Bowie: ma revue de Nonetheless » par Steve Pafford

https://www.stevepafford.com/nonetheless/

Alors que les Pet Shop Boys dévoilent leur quinzième studio tant attendu, il ne faudrait pas s’attendre à ce que Neil Tennant et Chris Lowe définissent notre époque aussi clairement qu'ils l'ont fait dans les années 1980. Leurs premiers succès - de la première version de West End Girls (publiée pour la première fois il y a 40 ans aujourd'hui) au sublime et méditatif Being Boring - semblent maintenant offrir un guide très concis de la Grande-Bretagne des années 80 de Margaret Thatcher.

Pourtant, il y a aussi très certainement des joyaux occasionnels dans la production post-impériale du PSB, et après une trilogie d’albums plus électroniques sur leur propre label indépendant x2, avec Nonetheless, le duo de synthpop est de retour chez Parlophone pour créer sans doute leur album le plus varié depuis les années 1990.

Découvrons les pistes ce soir

Loneliness (Solitude)

La majeure partie des sessions de Nonetheless a eu lieu au home-studio de Hackney Downs de James Ellis Ford du groupe Simian Mobile Disco (qui a produit Depeche Mode et Jessie Ware entre autres). Il y a eu également trois jours de sessions d’orchestres additionnels aux Crouch Hill's Church Studios - un lieu musical convoité qui appartenait autrefois à Dave Stewart, où la majorité de l'œuvre d'Eurythmics a été créée.

Loneliness, servi en janvier en tant qu’apéritif de l’album, n'est certainement pas une mauvaise chanson, mais sa production sophistiquée semble faire oublier une mélodie qu’on ne retient pas et un refrain assez banal somme toute.


Feel (Ressens)

Il y a quelques années, Neil Tennant, jonché sur son grand cheval, a proclamé paresseux et peu originaux les auteurs-compositeurs qui utilisaient d'anciens titres (ceux enracinés dans la conscience collective) pour leurs nouvelles chansons. Peut-être pense-t-il ici faire l’impasse lui-même parce que Robbie Williams est un fan inconditionnel ?

Quoi qu'il en soit, ce Feel ("You make me feel like nobody else can") est une chanson d'amour ouvertement honnête, une déclaration mi-tempo - "un homme perdu dans une extase" , un voyage de type Being Boring avec un trajet en bus supplémentaire.


Why Am I Dancing?
(Pourquoi Je Danse ?)

Une fanfare retentissante, une ode à un garçon solitaire. Ici le thème rappelle A New Life.

La production de James Ford est de premier ordre ici, avec les cordes ajoutant subtilement une douce mélancolie à un synthé euphorique, avec des cloches, des sifflets et quelques sons électro. Mais décrire ce bijoux sonore comme un titre oublié de Very serait lui rendre un mauvais service


New London Boy
(Nouveau à Londres)

Premier morceau d'une paire de jolis titres évoquant sans vergogne le milieu des années 1980. Une sorte de Soft Cell teinté de groove électro hip-hop funky, avec des paroles qui remontent plus loin dans le temps, certainement au jeune Neil Tennant aux cheveux roux qui arriva à Londres par un jour de grand brouillard de 1973. Ici pas de sac à dos ou de "chaussures à talons hauts ", mais des souvenirs d'homophobie et de gangs, tandis que sur la piste de danse "tout le monde dansait sur Roxy et Bowie".

Comme il l'a mentionné dans des œuvres précédentes, c'était le rêve d'une vie de glamour "que personne ne pouvait briser".


Dancing Star
(Star de la danse)

C'est de la bombe.

Comme pour Loneliness, lors de la première écoute, Dancing Star sonnait comme du vieux Pet Shop Boys. Même leur ancien collègue, le chef d’orchestre Richard Niles (ex Communards) me l'a décrit comme "standard" tout en déplorant le "manque de contraste sonore" ("Cela ne fonctionne pas pour moi avec ces fausses cordes plutôt bon marché et mollassonnes "). Cependant, lors d'écoutes répétées, c'est évidemment un retour joyeux à leur son plus rugueux de l'ère Please - un hommage délicieusement dérivé de leur propre West End Girls (qui a été publié quelques jours avant le 40e anniversaire de ce dernier - le 9 avril 1984) et avec une mélodie effrontément similaire à Holiday de Madonna, juste retour des choses pour celle qui a fait une interpolation gratuite de WEG dans Jump en 2005.
Avec son titre à trois syllabes, on pourrait même dire que Dancing Star évoque d’autres classiques comme Dancing Queen et Lucky Star. Et ce ne sera pas non plus la dernière référence aux Fab Four suédois.

Étonnamment, ce morceau semble polariser deux camps d'opposants: soit ils n'aiment pas la mélodie des couplets (il est vrai qu'elle est légèrement forcée à la manière de Pop Kids), soit c'est le refrain aux cris pompeux qui ne plait pas.

Pour finir, il a beaucoup en commun avec Go West sur le plan thématique (ces vagues et ces mouettes ne sont pas une coïncidence), un appel à la liberté.


A New Bohemia
Une nouvelle Bohême

Une autre référence à la France, un joli morceau de piano sur les stars du cinéma muet de l'Hollywood des années 60, enveloppé dans le glam des années 70. C'est du pur PSB qui coche tant de cases: une ballade élégiaque douce-amère qui convoque certains de leurs premiers morceaux et rajoutez-y les cordes évoquant Fundamental orchestré par Trevor Horn en 2006 (pensez en particulier au somptueux Luna Park façon Beatles).

Curieusement, au fur et à mesure que la chanson continue, passé les deux minutes, le pont musical rend soudainement hommage à All The Young Dudes de Bowie via I Get A Along des Boys. Voila pourquoi ils l’ont repris dernièrement lors de leur Piano Room sur la BBC!


The Schlager Hit Parade

Ça commence par de la guitare acoustique, comme sorti de l’album Release. Mais c'est délicieusement trompeur car le morceau se transforme soudainement en hymne de l'Eurovision et on passe de la choucroute à la sangria avec une ferveur fébrile!

« C'est tous les jours Noël ou le son de l'été » en est l’ingrédient principal et vous ne pourrez plus vous l’enlever de la tête! Si vous êtes soudainement transporté à Stockholm au milieu des années 1970, alors la chanson a fait son travail. Trente-deux ans après le ABBA-Esque d'Erasure, leurs anciens rivaux pop viennent d'écrire leur propre chanson d’ABBA, et c'est bien l’unique morceau Eurotrash sur cet album chic et de qualité.


The Secret of Happiness
(Le secret du bonheur)

Et en parlant d’Eurovision…
Les Boys ont-ils passé beaucoup de temps dans les Pays de Galles ces derniers temps ? Et, plus important encore, Neil Tennant a-t-il rencontré l’amour? Le chanteur des PSB a rarement fait état de son intimité émotionnelle aussi ouvertement que dans les paroles de ce doux morceau.

C'est une ballade très années soixante, probablement la seule qui cite le Sunday Times et la Joconde. Grâce à son arrangement de salon lounge avec une harpe légèrement désuète - pensez à Dusty Springfield sur une de ses chansons mélo, mixé à leur face B « Between Two Islands » qui citait Marvin Gaye - du PSB mais produit par Burt Bacharach pour un crooner de la veine d'Engelbert Humperdinck! Pfiou! Le bonheur des îles Baléares est de retour, de retour, de RETOUR !


Bullet For Narcissus
(Une Balle Pour Narcisse)

À la première écoute, le rythme house de Bullet For Narcissus évoque la trilogie d'albums produite par Stuart Price, de l'exaltant Electric de 2013 au plus dispersé Hotspot de 2020.

Mais très vite, nous avons droit à une guitare qui ressemble à un croisement entre du James Bond et les premiers Beatles. Cependant, ce sont les paroles qui sont les plus narquoises, avec un narrateur en agent secret obscur dont le seul travail est de protéger un sociopathe narcissique au pouvoir.

Avec des couplets aussi subtiles que: "Je pense parfois qu'il vit pour la gloire", "Sa politique est tout simplement horrible " "Il est si banal qu'il l'a rendu grand public" , je n'ai pas encore déterminé si cela cible spécifiquement Donald Trump ou Boris Johnson, bien que ce dernier soit né en 1964, période dont la chanson sarcastique semble le plus faire référence.


Love Is The Law
(L'amour Est La Loi)

Il est temps de passer à Roger Moore.

Une récente interview a suggéré que les PSB préfèrent ne pas terminer un album avec une ballade, mais Love is the Law est loin d'être une chanson rythmée. Ça commence de façon résolument morose avant de retrouver le style années soixante façon film d’espionnage, où Amicalement Vôtre croise cette fois-ci Le Saint, mais les paroles curieusement cyniques font allusion à la prostitution ("une tête pour les affaires et un cœur pour le crime"). Et tout cela parce que « l'amour est le plus vieux métier du monde »! Si vous avez aimé le travail de James Ford sur les sons rétropop de The Last Shadow Puppets, vous aurez alors le doigt coincé sur la touche repeat. Et vous pourrez enfiler vos bottes!


40 ans après leur arrivée, en 2024, il y a effectivement deux façons de consommer la musique de Pet Shop Boys. Vous pouvez disséquer chaque syllabe et chaque cymbale à la recherche de défauts, ou vous pouvez être ravi par leurs éclairs de génies musicaux qui célèbrent la vie de et leur humanité poignante encore profondément présente après toutes ces années.

Ils ne sont pas le duo pop le plus consistant au monde pour rien

Je veux écouter ça ! (surtout schlager bidule)
Merci pour le partage et les traductions !

giac the lad a écrit:

A chaque jour sa nouvelle revue, aujourd’hui + complète car titre par titre!

« En dansant sur Roxy Music et Bowie: ma revue de Nonetheless » par Steve Pafford

https://www.stevepafford.com/nonetheless/

Loneliness (Solitude)

La majeure partie des sessions de Nonetheless a eu lieu au home-studio de Hackney Downs de James Ellis Ford du groupe Simian Mobile Disco (qui a produit Depeche Mode et Jessie Ware entre autres). Il y a eu également trois jours de sessions d’orchestres additionnels aux Crouch Hill's Church Studios - un lieu musical convoité qui appartenait autrefois à Dave Stewart, où la majorité de l'œuvre d'Eurythmics a été créée.

Loneliness, servi en janvier en tant qu’apéritif de l’album, n'est certainement pas une mauvaise chanson, mais sa production sophistiquée semble faire oublier une mélodie qu’on ne retient pas et un refrain assez banal somme toute.


Dancing Star
(Star de la danse)

C'est de la bombe.

Comme pour Loneliness, lors de la première écoute, Dancing Star sonnait comme du vieux Pet Shop Boys. Même leur ancien collègue, le chef d’orchestre Richard Niles (ex Communards) me l'a décrit comme "standard" tout en déplorant le "manque de contraste sonore" ("Cela ne fonctionne pas pour moi avec ces fausses cordes plutôt bon marché et mollassonnes "). Cependant, lors d'écoutes répétées, c'est évidemment un retour joyeux à leur son plus rugueux de l'ère Please - un hommage délicieusement dérivé de leur propre West End Girls (qui a été publié quelques jours avant le 40e anniversaire de ce dernier - le 9 avril 1984) et avec une mélodie effrontément similaire à Holiday de Madonna, juste retour des choses pour celle qui a fait une interpolation gratuite de WEG dans Jump en 2005.
Avec son titre à trois syllabes, on pourrait même dire que Dancing Star évoque d’autres classiques comme Dancing Queen et Lucky Star. Et ce ne sera pas non plus la dernière référence aux Fab Four suédois.

Étonnamment, ce morceau semble polariser deux camps d'opposants: soit ils n'aiment pas la mélodie des couplets (il est vrai qu'elle est légèrement forcée à la manière de Pop Kids), soit c'est le refrain aux cris pompeux qui ne plait pas.

Pour finir, il a beaucoup en commun avec Go West sur le plan thématique (ces vagues et ces mouettes ne sont pas une coïncidence), un appel à la liberté.

Loneliness, je ne suis pas vraiment d'accord, on retient très bien la mélodie après 500 écoutes
J'aime bien les "deux camps d'opposants" pour Dancing Star. Je suis surtout team couplets, pour le coup.

Je trouve ça bien qu’il dise ne pas aimer Loneliness (c’était ma première impression également même si me suis ravisé ensuite), ça donne plus de crédit à sa critique (plutôt que de dire YES à tout ce qu’ils font)

Sinon l’album sonnerait donc très rétro (beaucoup de références aux années 60,70,80), et même Neil a été surpris du résultat à la première écoute hâte d’écouter tout ça et de dénicher les pépites qui passeront en repeat ^^

Fantaroux a écrit:

:

Je veux écouter ça ! (surtout schlager bidule)  

Je suis certain que c'est le premier titre que tu vas écouter !!!

Merci Giacounet !

S'il fuite avant la sortie oui, mais sinon j'écouterai dans l'ordre. Je ne rigole pas avec ça !

Merci pour tout Giac. Je vais lire tout ça tranquillement ce soir 🥰

Moi je viens de tout lire.
Merci

APRÈS TOUT

Quatre décennies après leur premier single "West End Girls", Neil Tennant et Chris Lowe restent enjoués, magistraux et fous, mais ces deux joyaux de la Britpop divisent également de façon constante. Pour leurs détracteurs, les Pet Shop Boys seront toujours trop perchés, trop à l'écart, trop liés à l’esthétique fragile des airs de l’italodisco des années 1980. Mais pour les fans durables, ils restent des figures culturelles uniques, des chroniqueurs sociaux spirituels et des figures de proue de la pop queer, toujours en phase entre le courant commercial et l'underground, la fête et l’artistique, l’orchestral et l’électronique, le surréaliste et le sardonique, Morricone et Magritte sur un rythme disco.

Sorti juste avant le 70eme anniversaire de Tennant, le 15eme album des Pet Shop Boys semble être un point de repère important en fin de carrière. Revenant à leur ancien label Parlophone après plus d'une décennie de disques auto-publiés, "Nonetheless" couronne un riche troisième acte toujours en cours, une résurgence pour Tennant et Lowe. Après une trilogie d'albums avec le producteur Stuart Price, "Nonetheless" marque également la première collaboration du duo avec James Ford qui a produit les Depeche Mode, Arctic Monkeys, Blur et Gorillaz entre autres.
Cela peut expliquer pourquoi les sons clubby et électro un peu lourds de la dernière décennie ont cédé la place à des arrangements plus amples, plus luxuriants et plus chauds. Des harmonies vocales superposées et des cordes orchestrales apparaissent sur chaque piste. Voluptueuse en son et symphonique en sensation, l'ambiance ici est plus Gilbert et Sullivan (duo musical britannique de l’époque victorienne) que Gilbert & George. Émotionnellement riche  et résolument optimiste en cette période politiquement sombre, l’album des PSB qui ressemble le plus à "Nonetheless" est "Very" de 1993. Les ravissantes rêveries romantiques caractéristiques de cette collection antérieure sont certainement en abondance ici.

Émergeant d'un tourbillon de cordes, la piste d'ouverture et le single principal 'Loneliness’ est une explosion de fanfare, de trompettes aussi optimistes que de la Hi-NRG haute en couleurs. Il fait mentir son titre ironique avec un message de motivation catégoriquement positif sur le fait de se débarrasser de l’apitoiement sur soi et de saisir la vie par les deux bouts.

La somptueuse ballade "Feel", quant à elle, avec son refrain tout en falsetto (« You make me feel like nobody can ») provoque une dose de sérotonine de pure extase électropop.

Le glorieux « Why Am I Dancing ? » évoque également l'euphorie galopante des morceaux classiques de "Very" comme "Go West" ou "I Wouldn't Normally Do This Kind Of Thing". Un hymne au plaisir coupable de faire la fête en solitaire. La chanson fera partie dans une version plus dépouillée de l'un des projets parallèles en cours du duo, une comédie musicale intitulée "Naked", librement inspirée de « The Emperor's New Clothes ». Ce serait une punchline facile pour les haters des PSB si la mélodie elle-même n'était pas si élégamment habillée.

Tennant et Lowe ont récemment repris "All The Young Dudes" de David Bowie pour une émission de radio de la BBC, mettant inévitablement en colère certains fans de rock conservateur. Certes, ce n'était pas l'une de leurs meilleures reprises, mais il y a quelque chose du même esprit dans la somptueuse ballade orchestrale "A New Bohemia", hymne doux-amer de Tennant aux stars d’hier disparues, un morceau puissant de style Beatles, que pourrait envier Oasis, évoquant avec nostalgie le Swinging London.

Bowie est également cité dans "New London Boy", un rap pop décrivant l'arrivée à Londres de Tennant à l’âge adulte au début des années 70, les cheveux roux et confus sexuellement, "traînant avec ses frères glam rock". Le titre est aussi un clin d'œil à "The London Boys" de Bowie, et la phrase "Sont-ils des filles ou des garçons ?" rappelle 'Hallo Spaceboy’, la collaboration remix des PSB en 1996 avec le Major Tom lui-même. Tennant décrit cette chanson comme "ce qui se passe entre le deuxième et troisième couplet dans Being Boring". Mais bien que la chanson se passe dans les années 1970, le son est catégoriquement 80’s, y compris un rap façon « West End Girls ».

Tennant et Lowe peuvent parfois sembler coincés dans une boucle éternelle de synthpop comme dans « Un jour sans fin », mais "Nonetheless" pousse l'enveloppe stylistique plus que d'autres albums PSB.
Le détour le plus ambitieux ici est "The Secret Of Happiness", un exercice délicieusement rétro à la Bacharach, infusé de jazz-pop tropicale. Des cuivres effrénés, des cordes légères, des harpes chatoyantes et des percussions latines agiles, cette confection aromatique à l'heure du cocktail sonne comme le thème perdu d'une comédie romantique chic des années 1960 mettant en vedette Audrey Hepburn et Peter Sellers. Un pur plaisir pastel.

« Nonetheless » est rempli de morceaux brillants qui ne quitteront pas vos oreilles, mais il y a des moments plus faibles. "Dancing Star", est un hommage synth-funk agité à Rudolf Noureev un peu maladroit et trop littéral, tandis que "The Schlager Hit Parade", blague musicale sur la pop allemande de mauvais goût, est plus une satire assommante qu’une plaisanterie réussie. Malgré cela, le niveau de qualité est très élevé ici couvrant un large spectre musical et émotionnel. L'humeur sous-jacente est également contagieuse, elle ne s’écrase que sur le morceau de clôture, "Love Is The Law", une rumination angoissante sur le désir sexuel en tant que contrainte et transaction financière. Un psychodrame à la Fassbinder qui assombrit ce finale mais qui s'estompe sur un chœur céleste et des vagues en écho.

Un bonheur romantique baigné de soleil se terminant par une tempête de pluie, "Nonetheless » est l'une des œuvres des PSB les plus fortes depuis des décennies.

Stephen Dalton, pour le magazine anglais ELECTRIC SOUND

Très joli texte, merci.

C’est marrant comme les avis divergent. Pour l’un, l’album est de la trempe de Behaviour et pour l’autre, il ressemble à Very, pourtant ces 2 albums sont aux antipodes. Après on sait bien que tout ça est subjectif, que chacun y trouvera ce que bon lui semble et tous les avis seront différents. Suspense…

Un mélange des deux ça m'ira très bien

A moi aussi!
Un autre a dit que ça ressemblait à un best of donc à mon avis, on aura un peu de tout + des surprises !

giac the lad a écrit:

A moi aussi!
Un autre a dit que ça ressemblait à un best of donc à mon avis, on aura un peu de tout + des surprises !

J'ai l'impression que c'est toujours pareil, on nous promet toujours un album d'un certain type et au final c'est un mélange.

Et d'ailleurs il me semble que le nouvel album aurait du être une collection de chansons dans le style de Burning the heather.

Oui c’est pas faux !
Et il est intéressant de noter que les 2 premiers singles ne sont pas forcément les titres qui ont été le + appréciés dans les articles, alors que d’autres oui (A New Bohemia, The Secret of Happiness…). Au moins, il y en a un sur lequel tout le monde tire déjà à boulets rouges, le fameux Hit Parade germanique

Nouvelle critique (+ courte mais tout aussi bonne !)

Les Archevêques de la Pop continuent quoi qu’il en soit avec leur 15ème album 4 étoiles, Nonetheless

En 2020, les Pet Shop Boys avaient conclu leur propre trilogie berlinoise avec leur langoureux Hotspot, compagnon d'Electric de 2013 et de Super de 2016. Bien qu'il soit peu probable que Neil Tennant et Chris Lowe renient un jour la musique de club (la preuve : le rythme haletant de « Loneliness »), le duo a su élargir sa palette musicale sur « Nonetheless », en faisant du story-telling luxueux (Dancing Star, Bullet For Narcissus) et du drama de grande qualité (The Secret Of Happiness, Love Is The Law).
Même si leur musique de discothèque tient encore le haut du pavé («Sexy sexy sexy!", chante Tennant de manière alarmante sur « The Schlager Hit Parade »), c’est leur penchant mélancolique qu’on retient le plus ici. « New London Boy » rappelle « West End Girls » pour son rap et « Being Boring » pour la narration, tandis que le déchirant « A New Bohemia » se hissera au niveau de « Piano Man » (de Billy Joel) dans les salons lounge de première classe.
Comme le suggère ce titre poivre et sel, « Nonetheless » (Néanmoins) prouve que le duo a atteint non seulement sa pleine maturité en terme d'écriture de chansons, mais aussi son plein épanouissement.

Victoria Segal, pour le magazine Mojo